Sébastien Vincini : « Amateurisme et mépris n’ont pas leur place à Bercy »
« Je suis atterré par les déclarations ubuesques et graves du Ministre de l’économie démissionnaire.
Alors qu’à la tête de nos collectivités nous travaillons depuis des mois pour équilibrer nos budgets et prévoir avec sérieux une stabilisation de nos finances pour les années à venir, nous apprenons par voie de presse que Bruno Le Maire annonce une augmentation du déficit public à 5,6 % du PIB cette année, alors que la prévision du Gouvernement était à 5,1 %.
Déclarer que l’augmentation des dépenses des collectivités pourrait à elle seule dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros relève de la fable et d’une mauvaise foi sidérante.
Je rappelle qu’en 2023, le déficit public des collectivités n’était que de 5,5 milliards d’euros, à comparer aux 157 milliards d’euros des administrations d’État. La situation dramatique des finances nationales n’est due qu’aux choix budgétaires portés par le Gouvernement démissionnaire. Parmi ceux-ci, la suppression sans financements alternatifs de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) et de la taxe d’habitation prive aujourd’hui l’État de plusieurs dizaines de milliards d’euros de recettes. Les dépenses des Départements augmentent mécaniquement parce que nous gérons l’accompagnement de tous les publics fragiles, des personnes âgées aux demandeurs d’emplois en passant par les personnes en situation de handicap et les jeunes.
Autant de publics qui n’ont eu de cesse d’être toujours précarisés par les politiques conduites depuis 2017.
Ce que Bercy demande aux Départements relève de la techno dinguerie.
On nous demande de gérer une demande sociale qui augmente mécaniquement avec des recettes qui dépendent du marché immobilier, ça n’a strictement aucun sens. L’augmentation des dépenses des collectivités est bien entendu liée à l’inflation, mais aussi à des décisions prises par l’État sans réelle compensation financière (évolution du point d’indice, Ségur, …). Je rappelle que nous attendons toujours la compensation que doit nous verser l’État pour les allocations individuelles de solidarité (RSA, APA, PCH).
En 2023, la non compensation par l’État a coûté 185 millions d’euros au Département.
Par ailleurs, contrairement à l’État, les collectivités ne peuvent s’endetter que pour financer leurs dépenses d’investissement, dépenses plus que jamais nécessaires en matière notamment de bifurcation écologique, de services publics et d’équipements structurants. Ces dépenses, qui concernent plus de 70 % de l’investissement public, contribuent significativement à la croissance alors que, dans le même temps, l’endettement des collectivités représente moins de 10% de la dette nationale.
À croire que c’est en disant n’importe quoi que l’on devient Ministre de l’économie !
Quelle crédibilité financière de notre pays, alors que la France doit envoyer avant le 20 septembre à Bruxelles son plan de redressement des comptes publics ? Comment Bruno Le Maire, aux affaires depuis plus de 7 ans, peut-il affirmer qu’il n’est pour rien dans cette situation ! Au-delà de son incapacité avérée à maîtriser les comptes publics du pays, il révèle un amateurisme inacceptable qui ne peut pas perdurer ».