En septembre 2021, le président du Conseil départemental de la Haute-Garonne, Georges Méric, a annoncé sa volonté d’expérimenter un revenu de base pour les jeunes de 18 à 24 ans sur le territoire haut-garonnais.
Avec ce projet, le Département de la Haute-Garonne porte la volonté d’être un territoire d’expérimentation et d’innovation sociale afin de prendre en compte la précarité des jeunes de moins de 24 ans, exclus du RSA, comme étant une problématique de société réelle et non un simple phénomène transitoire.
Pendant plusieurs mois, le Conseil départemental a travaillé sur l’élaboration précise de cette expérimentation scientifique en lien avec un groupe chercheurs pluridisciplinaires de l’Université Jean Jaurès.
L’Assemblée départementale a adopté, le 14 décembre dernier, le projet d’expérimentation d’un revenu de base concernant 1 000 jeunes tirés au sort pour une durée de 18 mois.
La Préfecture de la Haute-Garonne, dans le cadre de son contrôle de légalité, refuse au Conseil départemental le droit d’expérimenter un nouveau dispositif de solidarité envers la jeunesse, soulignant que la collectivité « ne peut décider de mener une expérimentation qui n’a pas fait l’objet d’une autorisation par la loi ».
« Je regrette profondément cette interdiction, qui constitue une nouvelle entrave à notre volonté d’innover, qui ne peut que susciter déception et désillusion auprès des jeunes, alors même que près de 4 000 jeunes haut-garonnais·es ont manifesté leur envie de participer à cette expérimentation en s’inscrivant au tirage au sort qui était prévu.
Pourtant, nous avons présenté un projet d’expérimentation solide, financé, et prêt à être mis en œuvre sur notre territoire.
En 2019, le Gouvernement a refusé de soumettre à l’Assemblée nationale le projet de loi porté par 18 Départements de gauche, dont la Haute-Garonne, pour l’expérimentation d’un revenu de base sur nos territoires. Aujourd’hui, nous nous heurtons une fois de plus à un refus alors que notre pays subit depuis deux ans une crise majeure qui frappe de plein fouet les jeunesses.
Le Département est un échelon territorial pertinent pour mener de telles expérimentations et légitime pour penser les solidarités de demain.
Depuis le début de la crise sanitaire, les Départements ont prouvé leur capacité à s’adapter et à répondre à l’urgence sociale et aux nouvelles formes de précarité qui ont touché nos concitoyens.
L’Etat doit donner aux territoires la possibilité de mettre à profit leur expertise, leur connaissance du terrain et leurs ressources pour créer des solutions nouvelles, adaptées aux évolutions de notre société.
En présentant notre projet, nous voulions impulser une dynamique et mettre au débat national le sujet de la précarité de la jeunesse, alors même que nous considérons que le contrat d’engagement jeunes du gouvernement n’est pas à la hauteur des enjeux. Nous avons conscience que c’est un combat de longue haleine, qui suppose notamment un changement de regard sur la jeunesse.
Dans une société qui se « droitise », il y a une nécessité, voire une responsabilité, de porter des idées de gauche, ancrées dans le réel. Notre projet d’expérimentation est la traduction concrète de ce que peut être un dispositif de solidarité adapté à notre époque. Il s’agit d’une avancée pionnière pour faire avancer l’égalité des chances.
C’est la raison pour laquelle nous continuerons de défendre l’expérimentation d’un revenu de base pour les jeunes, qui est un projet unique en France et en Europe, et dont le sérieux de la démarche scientifique aurait produit des résultats objectifs, tangibles, éloignés de toutes considérations politiciennes. La décision de l’Etat représente un contretemps dans la poursuite de notre ambition mais notre objectif reste inchangé et notre volonté intacte pour redonner aux jeunes confiance en l’avenir », a déclaré Georges Méric, président du Conseil départemental.